La stigmergie guide notre organisation

Vers une gouvernance fluide, influencée de modèles animaliers

Mycéliandre, Justin AUDINO

Comment la gouvernance  s'opère dans la nature ?
Comment les activités individuelles d'animaux peuvent-elles être coordonnées pour produire une organisation globale alors qu’ils ne possèdent pas de point de vue de surplomb ?
Comment les colonies de termites ou fourmis peuvent-elles réaliser des structures complexes ? (différenciation des rôles sociaux, clôture de la colonie, capacités de résolution de problème, communication à distance, etc.)
Devons-nous admettre l’existence d’un super-organisme qui tiendrait sa cohérence d’une mystérieuse causalité holistique ?

Chez ces insectes particulièrement, la coordination existe, les activités s’organisent. Chez la fourmi, la reine n’a ni vision ni projet global. Et pourtant la fourmilière vit et se développe ! Le phénomène de murmuration subjugue toujours par la beauté du ballet de bancs d'oiseaux !

Cette auto-organisation constitue une forme de gouvernance : la stigmergie.


Le terme "stigmergie" est construit à partir des mots grecs στιγμα (stigma) « marque, piqûre » et εργον (ergon) « travail, action ».  L’idée est que le travail des individus est déterminé par les productions de ce travail. 


Les formats d'organisations actuels


Les organisations optant pour la coopération

Les systèmes basés sur la coopération sont généralement dominés par des personnalités extraverties qui influencent les décisions pour contrôler le travail des autres. Ils créent un ressentiment justifié auprès de ceux qui font le travail. Pourtant, la coopération repose traditionnellement sur le principe démocratique que toutes les voix sont égales...


Les organisations à format concurrentiel

La compétition crée des redondances, ralentit et gâche des ressources (protection des idées, performance et élan individuel...)
La compétition induit la notion de "secret", bloquant ainsi le progrès, et fait perdre des idées et des opportunités. Brevets et droits d’auteurs réduisent encore plus la vitesse et le potentiel de suggestion d’idées.



Système hiérarchique

Contrôle du groupe par un individu 
systeme-hierarchique



Hiérarchie de consensus

Contrôle des individus par le groupe

hierarchie-du-consensus


La stigmergie, un modèle avec "autorisation a priori"

La stigmergie est une forme d’auto-organisation. Elle produit des structures complexes sans avoir besoin de plan, de contrôle ou même de communication directe entre les agents. – Wikipédia


Le principe est qu’une trace laissée par une action dans l’environnement stimule l’accomplissement de l’action suivante, que ce soit par le même agent ou un agent différent. De cette façon, les actions suivantes tendent à se renforcer et bâtir sur l’existant ; ce qui conduit à l’émergence spontanée d’une activité d’apparence cohérente et systématique.

SES PRINCIPES CLES :

Le projet est conduit par l’idée,
non plus par une personnalité ou un groupe de personnalités. Personne n’a besoin de permission (modèle compétitif) ou de consensus (modèle coopératif) pour initier un projet.


Il n’y a pas besoin de discuter ou de voter une idée. Si une idée est intéressante ou nécessaire, elle va susciter de l’intérêt. L’intérêt viendra de personnes activement impliquées dans le système et qui auront la volonté de fournir les efforts pour porter le projet plus loin. 

Toutes les idées sont acceptées ou rejetées en fonction des besoins du système.

Plus l’équipe principale et ses membres se développent,
plus des personnalités intéressées et dévouées émergent, ce qui constitue des nœuds et une direction encore plus concrète.
Entre les nœuds d’un système, la communication  s’établit sur la base du besoin. La transparence permet à l’information de circuler librement entre les différents nœuds.

Les réalisations humaines du genre : Internet, Wikipédia, le monde de l'open-source (logiciel libre, licence communautaire... ), l'économie de la contribution, les pratiques d'intelligence collective et de gouvernance auto-gérée.

Le succès incroyable de ces si nombreux projets est le résultat de la stigmergie ! Et si ce moyen aidait à construire notre avenir plus efficacement et à atteindre des résultats bien meilleurs que ce que chacun d’entre nous envisage aujourd'hui ?! ...


Tout dépend de notre capacité à percevoir nos congénères  : 
nos capteurs sensoriels et la communication comme levier !

Les poissons et les oiseaux s’appuient sur leur perception locale. 
Dans ces bancs d'animaux, il n’existe pas de hiérarchie entre les membres ni de leader. Pourtant, les individus peuvent collectivement changer rapidement de direction sans se heurter, via des déplacements rapides et synchronisés.


Dans le cas de communications locales entre individus, ce modèle révèle 3 comportements dans un groupe :
        L’attraction : cohésion du groupe et multiplication des interactions locales ; 
        La répulsion : pour éviter les collisions ; 
        L’alignement : homogénéité des déplacements.


Ce phénomène, observé aujourd'hui dans les pratiques d'intelligence collective ou de gouvernance, émerge notamment grâce à la communication locale des participants, tirée de modèles d'espèces communautaires. 

Ces pratiques vous inspirent, et vous avez envie de les amorcer dans votre organisation ?

L'équipe Mycéliandre peut vous partager l'expérience issue de sa pratique du collectif et de sa réalisation de communs. 

A travers JustOdooIt,  Evolu6 ou Empreintes, nos coopérateurs proposent à vos organisations / communautés de vous accompagner au soutien en intelligence collective ainsi qu' la mise en œuvre d'outils de gouvernance, d'auto-gestion et/ou de numérique collaboratif.

**[développer son self-leadership, son niveau de conscience, ses aptitudes relationnelles et sensitives pour donner du sens et faire fructifier le bien commun et construire une conscience collective]**

Le terme de "murmuration" fait aussi référence à ce phénomène de stigmergie : voici un exemple avec les mouvements coordonnés de centaines d’oiseaux dans le ciel !

Odoo- Echantillon n° 2 pour trois colonnes

Chez les fourmis

Les fourmis communiquent le trajet à suivre aux autres membres de la colonie. Ces interactions et stimulis laissés sur le chemin de retour à la fourmilière permet aux autres de se diriger vers la source de nourriture.
Chaque fourmi dépose des phéromones lors de son aller puis revient en suivant cette même piste et en y déposant à nouveau des signaux chimiques. De cette façon, les agents suivants (elle-même ou d’autres de ses congénères) vont préférer suivre cette voie déjà marquée 2 fois plutôt qu’une autre, et ainsi renforcer eux aussi le poids de cette piste en phéromones en la marquant à nouveau.
Les fourmis empruntent rapidement la voie vers la nourriture de qualité, via des phéromones plus intenses. La qualité de la nourriture influence ainsi l’intensité des traces laissées pour les congénères.

Odoo - Echantillon n°1 pour trois colonnes

Chez les abeilles

A titre d’exemple, l’abeille peut distinguer et produire au moins 700 structures chimiques différentes, y compris une grande majorité de phéromones.
Ces phéromones possèdent généralement une grande rémanence, permettant ainsi à l’agent émetteur et au récepteur de ne pas être co-présents dans le même espace au même moment pour se transmettre l’information.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle est particulièrement utile en stigmergie.
Un atout vu aussi come défaut : En effet, la grande rémanence des phéromones est peu propice à des variations rapides et empêche donc un débit élevé d’informations. Ainsi par exemple, un signal ayant perdu sa pertinence peut continuer à être transmis un certain temps avant de s’effacer.

Odoo- Echantillon n° 3 pour trois colonnes

Construction d’une termitière

A chaque étape, l’état de la construction correspond à une stimulation qui déclenche chez les termites qui la rencontrent des actions de construction. 
Ces actions conduisent à un nouvel état de la construction ; générant elles-mêmes une stimulation différente qui déclenche à son tour de nouvelles actions de construction, jusqu’à l’achèvement de la termitière. 

Pour cela il suffit d’accorder aux termites deux règles individuelles :
1. Fabriquer une boulette de terre, l’imprégner d’une phéromone spécifique et se déplacer pour remonter le gradient de phéromone présent dans l’environnement.
2. Déposer cette boulette de terre au point de concentration en phéromone maximum
.

Sources
http://www.costech.utc.fr/CahiersCOSTECH/spip.php?article66
https://eleonore-sas.medium.com/formes-dintelligence-collective-dans-le-monde-animal-8ffd0e399816
http://www.lilianricaud.com/travail-en-reseau/la-stigmergie-un-nouvelle-modele-de-gouvernance-collaborative/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Stigmergie#:~:text=En%20biologie%2C%20la%20stigmergie%20est,agent%20ou%20un%20agent%20diff%C3%A9rent.
Crédit photos 

fourmis, abeilles,  banc de poisson - unsplash
Termitieres Par W. Bulach — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=58052847